La cueillette des oranges sur le plateau Tamanu, Punaauia, Tahiti
Posté par rainbowoman le 22 septembre 2009
Carte satellite de la commune de Punaauia à Mahina et entre, les communes de Fa’a'a (où se trouve l’aéroport international), Papeete et Pirae.
Dans cet article, je souhaite vous parler d’une tradition : LA CUEILLETTE DES ORANGES sur le plateau du TAMANU, qui a lieu tous les ans, dans la commune de Punaauia, dans la partie ouest de Tahiti, juste après la commune de Fa’a'a.
Enfant, avec mon père, on achetait toujours une glane d’oranges tous les ans. Je savais que des hommes allaient les cueillir mais je n’avais pas conscience de la difficulté de la tâche. Ce n’est bien plus tard que je l’ai compris. A mon tour, je fais comme mon père, je vais tous les ans acheter une glane … Lorsque je vois ces hommes avec cette bosse, conséquence de l’exploit accomplit chaque année plus comme une acte nécessaire envers les anciens qu’un challenge, je suis sans voix et surtout très respectueuse car ils sont les gardiens de la tradition …
Aujourd’hui, cette tradition attire énormément de visiteurs, l’an passé plus de 800 d’entre eux ont assité à la cueillette … je n’y suis jamais allée, sachant le « parcours du combattant » qu’il faut faire, mais ça vaut le « coup d’oei » …
Certaines personnes de la famille l’ont faite, départ à 4h du matin, et une marche de 5 heures pour arriver au Fare Anani (Maison de l’Orange) où on fait l’appel de tous les cueilleurs inscrits (après avoir payé une cotisation de 100 euros/an), puis c’est le départ pour la cueillette. Il faut aller très vite pour trouver l’ORANGER qui à lui seul porte tant d’oranges, qu’il faut être à 2 pour les redescendre dans la plaine.
PUNAAUIA (ancien nom HITI)
Punaauia tire son nom d’un homme appelé PUNA.
La cueillette est réservée aux natifs de la commune ayant payé une cotisation à l’association. Les visiteurs sont également autorisés à « voir » la cueillette moyennant une somme de 1 000 frs (environ 8 euros), mais il faut être de bonne condition physique car la « grimpette » est rude …. très rude )) Traditionnellement, les porteurs se couvrent d’un pareo et d’une couronne de fleurs. Après avoir traversé le plateau de Tamanu, situé à 600 mètres d’altitude, il faut redescendre au fond du magnifique cirque rocheux dominé par les monts Marau, Aorai, Orohena, Tahiti et la crête du Diadème. Après une halte au Fare Anani, le refuge des porteurs d’oranges, c’est à nouveau une difficile montée le long d’une crête rocheuse pour arriver à l’altitude de 804 mètres, celle du fameux plateau de Rata (guerrier) où les oranges abondent.
Les monts Aorai, Orohena, le Diadème qui se dressent en face du plateau
Cerrtains y ont laissé la vie à cause des glanes trop lourdes et du relief qui les aura fait chuter. (la chanson que vous entendez rend hommage à cette tradition et surtout aux porteurs : un chant de soutien).
Certains avouent franchement que « qui n’a pas goûté aux oranges de Punaru’u ne peut pas savoir ce qu’est une orange » )) ; je crois qu’on appelle ça du chauvinisme
)). Ainsi parlait Teriierooiterai, ancien chef dit district de Punaauia. Cette fière devise reste celle des nombreux fidèles de ce qui est devenu un rite annuel: la cueillette des oranges des plateaux de la Punaruu.
La présence d’orangers sauvages en altitude au fond de la vallée de la Punaruu est une bénédiction pour les amoureux de la nature et les habitants de Punaauia en particulier qui entretiennent le rite de la cueillette annuelle depuis plusieurs générations. Les plants d’orangers auraient été introduits en Polynésie par Cook lui-même, et sont vite disséminés sur l’archipel à tel point que Tahiti exportait ses oranges vers l’Amérique en 1860. Mais une maladie décima tous les arbres du littoral, n’épargnant que ceux situés en altitude. L’isolement du cirque rocheux du haut de la vallée de la Punaruu constituant un endroit parfaitement préservé les orangers sauvages continuèrent d’y proliférer. Récoltées sur plus d’une dizaine de petits plateaux de la vallée. les oranges présentent bien sur des qualités diverses. Les plus lourdes et sucrées proviennent du plateau Puharuru, au dessus du Rata, les plus amères se trouvent au Ti, les plus spongieuses mais sans jus viennent du Paru. Le Fataraa Potii Pataaroa produit les oranges les plus juteuses mais avec une peau très épaisse, ce qui en fait les plus lourdes et donc les plus difficiles à redescendre. Enfin, les plus rouges et les plus sucrées proviennent toujours du Maretia ; ce sont celles qui remportent presque chaque année le concours des meilleures oranges.
Tous les porteurs, qui ont beaucoup d’ancienneté, ont une bosse qui se forme sous la nuque et à elle seule, elle prouve combien cette tâche est difficile tant par le parcours tant par le poids des glanes … mais le sourire est toujours là …
Tenue traditionnelle, un pareo Nouvelle tenue, short, baskets, et sac dos
et la couronne fougère et casquette
A la fin, tous les cueilleurs se retrouvent à la Mairie de Punaauia pour le concours des plus belles oranges et de la glane la plus traditionnelle (utilisation du rafia). Ils effectuent un ultime parcours en tenue traditionnelle devant le public et le jury.
Ces jeunes hommes sont la relève. Tant mieux … Aujourd’hui, la femme trouve aussi sa place …
Pour les glanes qui resteront invendues sur place, chaque cueilleur les exposera devant chez lui sur le bord de la route et celui qui en veut, s’arrête, donne un coup de klaxon et voit arriver soit le cueilleur, soit sa femme ou un de ses enfants …. c’est toujours une histoire de famille.
Paroles de la chanson : TOMORA’A ANANI (ouverture de la cueillette des oranges)
Pehepehe ho’i teie Voici le chant de départ
Fa’aineine tamari’i Punaru’u Prépare-toi enfant de Punaruu
No te tomora’a i te anani Pour la cueillette des oranges
Ei ni’a i te Tamanu Sur le Tamanu
Reo iti fa’ateni no te amora’a Entend cette voix qui t’encourage
A haere i mua Va de l’avant
Ua hiti mai te maramarama Le jour s’est levé
Ei ni’a ia Aranuanua e Sur Aranuanua e
Tahiri noa mai te hupe Punaruu La brise souffle sur Punaru’u (la vallée)
Aue ra o te au rahi e Si râfraichissante
Tiraha noa mai Orohena* En face, se dresse Orohena
Te mou’a no te fenua nei Le plus haut sommet de l’île
Ua tapo’ihia ‘oia Couverte
I te ata huru rau Des nuages
No te fenua nei. De l’île
Orohena : le plus haut sommet de l’île de Tahiti et de la Polynésie française, qui culmine à 2 241 m.
Toutes les photos présentes dans cet article ont été trouvées sur le net.
coucou.
Un ptit coucou pour vous faire remarquer que les publications sont super !
Bonne continuation
Comment peut-on avoir la musique « tomora’a i te anani » ?